La prochaine séance du séminaire de linguistique 2014-2015 de CLLE-ERSSÀB aura lieu le jeudi 23 octobre 2014 de 14h30 à 16h30 dans l'amphi C 200.

Nous entendrons Jean Sibille, Chargé de recherche HDR, CLLE-ERSS (UMR 5263), Université de Toulouse Jean Jaurès

 nous parler de ses recherches sur le

 

Syncrétisme des formes verbales et clitiques sujets
dans trois variétés romanes vernaculaires et en français standard.

 

Résumé

 

Parmi les langues romanes standards, seul le français conjugue les verbes avec un clitique sujet : l’italien, l’espagnol, le portugais et le roumain ont une flexion verbale pro drop. Si l’on élargit l’analyse aux variétés vernaculaires, on se rend compte que de nombreuses variétés romanes ont développé des systèmes – complets ou partiels – de clitiques sujets venant compenser le syncrétisme de certaines formes verbales, dû à « l’usure » phonétique des désinences.

 

            Nous proposons une analyse contrastive du système clitiques-désinences en français standard et dans quatre variétés romanes vernaculaire : le parler ligurien de Bonifacio (Corse), les parlers liguriens alpins de la haute vallée de la Roya (Alpes-Maritimes), le piémontais turinois et le parler occitan de Chiomonte et des Ramats (Italie, province de Turin).

 

            Le parler de Bonifacio possède un système à un seul clitique sujet (à la pers. 2). Les parlers de la Haute Roya possèdent un système partiel à deux ou trois clitiques (personnes 2 et 3, ou personnes 2, 3 et 6). Le français, le piémontais turinois et l’occitan des Ramats possèdent un système complet.

 

            Dans les parlers de la Haute Roya le syncrétisme des désinences verbales se limite aux personne 2 et 3 : les clitiques sujets pallient la convergence formelle de ces deux personnes, et permettent de distinguer sujet masculin et sujet féminin à la pers. 3. (et à la pers. 6 dans les parlers qui ont un clitique sujet à la pers 6)

 

            Dans les systèmes ayant un paradigme complet de clitiques sujet, il est fréquent que le syncrétisme des formes concerne, non seulement les désinences verbales, mais aussi le paradigme des clitiques. Limité en français aux pers. 3 et 6 en position préconsonantique, ce phénomène présente une certaine extension en piémontais et en occitan de Chiomonte, si bien que, dans ces variétés, seul le double marquage (clitique + désinence) permet une identification sans ambigüité de la personne du verbe.

 

            Les trois systèmes à paradigme complet présentent des différences notables sur plusieurs points : conditions et/ou possibilités d’omission du clitique ; présence ou absence de distinctions du genre aux pers. 3 et 6 ; syncrétisme des désinences plus ou moins développé...

 

            En conclusion il apparaît que, entre systèmes strictement pro drop et systèmes strictement non pro drop il existe un continuum dans lequel plusieurs paramètre sont variables :

 

            - Le nombre de clitiques (de 0 à 6).


 

            - Les conditions éventuelles autorisant l’omission du clitique.


 

            - La plus ou moins grande fréquence d’omission lorsque celle-ci est possible (d’un

 

système à l’autre, d’une personne du verbe à l’autre dans un même système, d’un

 

individu à l’autre dans une même communauté linguistique).


 

En conséquence il ne semble pas y avoir de distinction ‘‘robuste’’ entre pro drop et non pro drop.