Lundi 7 avril 2014 – MSHA salle 2

14h30-16h

Séminaire « Le Corps du Texte » - LàB

Claire MESTRE (CHU Saint André, psychiatre et anthropologue, spécialiste de psychiatrie transculturelle).


Trauma, corps, mémoire

Exposé développant une situation  clinique où le corps du patient est très présent (à préciser).

A propos de Claire Mestre (AFP – 10.01.2014)

Claire Mestre, psychiatre et anthropologue, a créé à Bordeaux une consultation spécialisée dans l'accueil des migrants. Sur les murs de sa salle de consultation à l'hôpital Saint-André, une large planisphère, une carte détaillée des conflits au Caucase, des photos d’Afrique. Dans cette pièce colorée, des hommes, des femmes et de plus en plus d'adolescents isolés viennent déposer un peu du fardeau qui est le leur: de lourds traumatismes psychiques ou des dépressions graves, liés à des parcours migratoires empreints de souffrances physiques, d'errance, d'abus sexuels, d'isolement affectif, de répression politique et parfois même de torture. En face d'eux, Claire Mestre, 51 ans, s'est vite sentie "à l'étroit" dans la médecine et a fait le choix de suivre "plusieurs chemins", la psychiatrie et l'anthropologie notamment, qui l'ont conduite dès 1994, "avec de tout petits moyens", à former une équipe pluridisciplinaire pour donner corps à cette consultation d'ethnopsychiatrie devenue au fil des ans une référence. Chaque jour, entourée de son équipe de psychologues, interprètes, anthropologues, elle pénètre dans l'envers de ce que les mots génériques "immigration", "sans-papiers", "demandeurs d'asile" semblent avoir banalisé: des parcours humains chaotiques, marqués d'épisodes à la violence souvent insoutenable.Tel ce Guinéen échoué à Bordeaux, dont la fiancée a été violée et tuée sous ses yeux lors du massacre d'opposants dans le stade de Conakry, en 2009, et qui porte en lui un incommensurable sentiment de culpabilité. Ou encore ce jeune Nigérian, qui a mis quatre ans pour rejoindre la France dont le récit émerge sous forme de bribes, d'images terribles de désert, de faim, de peur, de mort, et se sent terrassé d'être si "seul au monde". "Dire sans dire"